Des « petits mondes »

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29 pistes

  • 1

    A l’époque il n’y avait pas de système d’appel…

    A l’époque il n’y avait pas de système d’appel…

    Colette, ancienne cadre infirmière puéricultrice

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    A l’époque il n’y avait pas de système d’appel ou autre donc quand on était de nuit il y avait une surveillante de nuit, une Sœur, que les étudiants appelaient Belphégor. Et pour l’appeler on téléphonait à la conciergerie ; le concierge éteignait toutes les lumières des couloirs. Donc la Sœur savait qu’on l’appelait, elle allait à la conciergerie pour s’avoir quel service l’avait appelée.

  • 2

    A la maternité, on était trois dans la chambre…

    A la maternité, on était trois dans la chambre…

    Cassandre, 40 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    A la maternité, on était trois dans la chambre et c’est vrai que ça par contre, c’est un peu gênant parce que ça empêchait le moment où on a juste envie d’être avec son enfant. Ça empêchait d’être dans sa bulle, le moment où on vient d’être maman et on a besoin de se retrouver dans une bulle, avec son enfant. Ça du coup, ça manquait un peu. […] A un moment donné, mon fils ainé réclamait beaucoup. Je l’allaitais mais une fois, il devait être 3h du matin et il avait mangé ¾ d’heure avant et je me disais « il a mangé, je l’ai changé », je ne comprenais pas et je commençais à paniquer. Ça devait être le troisième jour, je commençais à me dire que j’étais peut-être une mauvaise mère, que j’avais pas assez l’instinct maternel et que je ne comprenais pas mon enfant. Du coup j’étais un peu en panique, et j’ai appelé sur la sonnette. Et une dame très gentille m’a dit « faut pas vous inquiéter, c’est qu’il a faim. C’est un gros bébé, il a besoin de manger, on va lui amener un complément ». Elle a été vraiment rassurante, et elle a dit qu’il fallait pas paniquer, que c’était normal. Et ça c’est un des dialogues que j’ai gardé en souvenir parce que justement elles étaient à l’écoute. Même sans qu’on dise vraiment… parce que je n’ai pas forcément dit ce que je ressentais avec des mots mais elle l’a senti. Donc ils étaient réceptifs. Elles sentaient dans quel état on était et ce qu’on avait besoin d’entendre. […] A Estaing, être dans une chambre toute seule avec son bébé, c’était plus agréable.

  • 3

    Après mon accouchement, avec ma belle-mère…

    Après mon accouchement, avec ma belle-mère…

    Camille, 34 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Après mon accouchement, avec ma belle-mère, on avait ramené une boite de chocolat et une fleur au personnel de la mater. Elles avaient été étonnées parce que ça se perd vachement. Ils étaient quand même vachement à l’écoute. Parce que j’avais pas fait la préparation à l’accouchement pour mon premier enfant et il y a pas eu de jugement : ils m’ont expliquée et c’est passé comme une lettre à la poste. La deuxième, ils m’ont écoutée. Parce que je pouvais pas accoucher avec les deux pieds dans les étriers. Je leur ai dit « je ne peux pas accoucher comme ça » et ils m’ont dit, « installez vous comme vous voulez, on s’adaptera » et du coup je me suis mis comme je le sentais et comme je pouvais, et nickel. Franchement, ils ont été… même pour le père, il garde des souvenirs bien, quoi.

  • 4

    Au bloc Leriche, on opérait une vésicule et il y a la mouche qui arrive…

    Au bloc Leriche, on opérait une vésicule et il y a la mouche qui…

    Nicole, 61 ans, infirmière

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    Au bloc Leriche, on opérait une vésicule et il y a la mouche qui arrive et toc qui se pose sur la vésicule. Là il me dit « Ether !» Alors on met de l’Ether sur la mouche. Après il me dit « Bistouri !! » Une grande flamme, ça a fait ! Une grande flamme ! Alors il a dit « Ohhh on a fait cramer la mère XX » (rires). Je me souviendrais toujours du nom de la patiente. Mais ça n’avait fait bruler que les champs. Elle n’avait rien heureusement… C’est pour ça qu’on faisait la guerre aux mouches, maintenant y’a plus de fenêtre.

  • 5

    Avec une amie que je connais depuis le lycée, on est tombées enceintes en même temps…

    Avec une amie que je connais depuis le lycée, on est tombées…

    Leila, 48 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Avec une amie que je connais depuis le lycée, on est tombées enceintes en même temps. Un jour elle m’appelle un peu en catastrophe parce qu’elle a voulu prendre la température avec un ancien thermomètre au mercure. Et le petit bout est resté dans les fesses. Donc en panique. Je l’ai accompagnée à Hôtel‑Dieu. Et comme j’étais dans la salle d’attente avec mon bébé au service pédiatrie, à chaque fois quelqu’un habillé en habit d’hôpital, me demandait « Oui madame ? Qu’est-ce qui se passe ? ». Et à chaque fois je devais dire « non, j’accompagne une amie, tout va bien ».

  • 6

    Dans la salle des pas perdus, il y avait une dame qui squattait…

    Dans la salle des pas perdus, il y avait une dame qui squattait…

    Nicole, 65 ans, infirmière

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    Dans la salle des pas perdus, il y avait une dame qui squattait et qui restait là tout le temps, les dix dernières années. Une SDF. Même la nuit, elle restait là, jour et nuit. Elle était tolérée, et quand on passait, elle nous demandait une cigarette. A l’époque on avait le droit de fumer dedans, on lui donnait une cigarette et puis dix minutes après elle nous insultait…elle avait 36 manteaux, des sacs…

  • 7

    Il y a 30 ans au niveau de l’IVG, c’était pas les mêmes techniques…

    Il y a 30 ans au niveau de l’IVG, c’était pas les mêmes…

    Christine, 53 ans, habitante de Perrier

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    Il y a 30 ans au niveau de l’IVG, c’était pas les mêmes techniques où t’avais un psychologue, un médecin. Donc la première infirmière que j’ai vue n’a fait que me culpabiliser. C’est l’horreur de ma vie. Je ne lui dirai jamais merci puisque attaquée par cette connasse […] Après un autre rendez-vous avec le médecin, et là c’est tout l’inverse. Un médecin jeune, extrêmement bienveillant, me disant « vous avez fait ce choix mais vous avez raison parce que ce petit pose des problèmes de cœur » et ça, ça m’a enlevée un poids […] Quand j’ai été enceinte de mon fils,  j’ai du faire une amniocentèse, et là le médecin m’avait touchée le ventre et il m’avait dit « vous savez quelle est la plus belle hormone de croissance ? C’est l’amour. Et dans vos yeux je vois tout l’amour pour ce bébé, ça va bien se passer ». J’ai jamais oublié. Donc pour l’amniocentèse, un personnel extrêmement gentil et bienveillant.

  • 8

    J’ai accouché à la polyclinique et à la maternité…

    J’ai accouché à la polyclinique et à la maternité…

    Clothilde, 55 ans, habitante de Saint-Genès-Champanelle

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    J’ai accouché à la polyclinique et à la maternité. A la poly, il y avait des chambres à un et deux lits. Mais c’est surtout qu’il y avait un cabinet de toilette, on était super bien, il y avait tout pour la maman et pour le bébé. Alors qu’à la maternité, il n’y avait rien du tout. En fait à mon troisième accouchement j’ai eu des jumelles, et pour des raisons médicales, au dernier moment je suis allée à la maternité. Donc on m’avait mise dans une chambre seule, mais il n’y avait pas de quoi langer les enfants et un tout petit lavabo, c’est tout. C’était vieux. Bon après… personnellement je m’en fichais des locaux, parce que j’ai été tellement bien entourée à chaque fois par le personnel soignant que j’en ai un bon souvenir. Juste le regret que j’ai eu c’est de ne pas avoir effectivement les commodités dans la chambre pour pouvoir m’occuper de mes filles.

  • 9

    J’ai fais mon service militaire à Aulnat…

    J’ai fais mon service militaire à Aulnat…

    Paul, 60 ans, habitant de Clermont‑Ferrand

    0:53
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    J’ai fais mon service militaire à Aulnat. J’habitais Clermont, j’étais externe, en novembre 76. Un soir je ramène un camarade qui était venu diner à la maison et qui logeait sur la base. En revenant, j’ai eu un accident de voiture assez grave et donc je suis transporté à Montpied et ensuite ils m’ont descendu à l’Hôtel‑Dieu en salle commune […] C’était un peu humiliant, avec très peu d’intimité, je vous passe les détails, avec les bassins… J’avais un trauma crânien, donc ils m’ont gardé peut-être huit jours et après on allait dans une salle spéciale, une espèce de sas dans l’enceinte de l’Hôtel‑Dieu qui était réservée aux militaires, une salle commune où j’étais sous statut militaire. Je pense que c’est pour des histoires de papier entre l’armée et la sécu. Là c’était plus petit et tous les lits n’étaient pas occupés.

  • 10

    Je faisais le ménage dans les chambres et tout ça…

    Je faisais le ménage dans les chambres et tout ça…

    Catherine, 57 ans, habitante d’Aubière

    1:21
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    Je faisais le ménage dans les chambres et tout ça. C’était en 2009. A la maternité, où je suis restée un an. Après mon contrat s’est fini. J’ai été rappelée fin 2010. J’en ai des bons souvenirs. J’avais du travail, une vie sociale. Et le fait d’apporter quelque chose aux autres. […] C’est très particulier, c’est ambiance hôpital, c’est très féminin. C’est pas évident. Fallait pas trop parler, faire son travail et voilà. Fallait pas trop se mélanger. C’était pas évident. Mais sinon ça s’est bien passé. […] Ça a été rénové à la fin. Moi j’ai accouché à la maternité pour ma fille, j’étais assez jeune. J’avais 18 ans. Et c’est vrai que les femmes étaient pas très sympas avec moi parce qu’elles disaient « ah lala ! Une jeune maman » c’était dur, quand même. C’était les auxiliaires. Elles faisaient des réflexions parce que j’étais jeune. Que j’allais pas bien m’en occuper. Et je m’en suis très bien occupé, je lui ai donnée le sein et tout malgré que j’étais jeune.

  • 11

    Je m’appelle Alain, j’ai trainé un surnom « Le Révérant »…

    Je m’appelle Alain, j’ai trainé un surnom « Le Révérant »…

    Alain, infirmier anesthésiste, et Josette, ancienne infirmière, service anesthésie

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    – Je m’appelle Alain, j’ai trainé un surnom « Le Révérant » depuis mon entrée jusqu’à la fin et même maintenant. J’ai commencé mes études d’infirmier à 35 ans passés. J’ai travaillé (comme infirmier anesthésiste depuis 73) en réanimation et au bloc. J’ai fait les deux […] C’était le docteur Gimbert qui m’avait donné ce surnom. Je pense que c’est parce que j’ai été prof à Courpière qui avait été autrefois un petit séminaire qui avait été tenu par les prêtres il y a très longtemps. Je pense que c’est pour ça.
    – Et toutes tes feuilles de bilans, tu signais pas Gontier tu signais « le Révérant ». A l’Hôtel Dieu on savait qui était Le Révérant !
    – J’ai été opéré à Estaing comme client et en entrant j’ai entendu dire « c’est le Révérant !»

  • 12

    L’accueil du personnel n’était pas le même qu’ailleurs…

    L’accueil du personnel n’était pas le même qu’ailleurs…

    Colette, 54 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    L’accueil du personnel n’était pas le même qu’ailleurs. Le personnel était attentif, à l’écoute aux gens par rapport aux besoins. Ils étaient attentifs à la détresse de certains, à l’euphorie d’autres. Ils savaient jongler entre une chambre et l’autre avec des choses complètement différentes qui se passaient et parfois même dans la même chambre entre deux lits. C’était l’attitude du personnel. Je me souviens de visages d’infirmières ou d’aides soignantes complètement différents sur une personne qui était venue se faire opérer de l’appendicite et puis sur quelqu’un de ma famille dont on ne savait pas si il allait ou pas passer la nuit. Et c’est vrai que c’était deux attitudes complètement différentes entre les deux.

  • 13

    L’année de ses cinq ans, mon petit frère Mathieu s’est cassé le bras…

    L’année de ses cinq ans, mon petit frère Mathieu s’est cassé le…

    Caroline, témoignage écrit sur une carte postale

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    L’année de ses cinq ans, mon petit frère Mathieu s’est cassé le bras. En venant se faire enlever le plâtre à l’Hôtel‑Dieu, l’infirmière qui se chargeait de lui, lui dit : « Si tu ne pleures pas, tu auras un bonbon ». Pas intimidé pour deux sous, mon frère lui répondit « M’en fous, j’aime pas les bonbons, j’aime que le saucisson ». Or, il se trouvait que l’infirmière avait, dans son panier-repas, un peu de saucisson. Et Mathieu, qui n’a pas pleuré, a pu repartir, tout fier, en dégustant sa rondelle de saucisson. Ma mère a toujours eu beaucoup de gratitude envers cette gentille infirmière qui a su comprendre ce petit garçon qui n’aimait pas les bonbons ».

  • 14

    La loge du concierge : c’étaient des personnages très important…

    La loge du concierge : c’étaient des personnages très important…

    Nicole, 65 ans, infirmière

    0:44
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    La loge du concierge : c’étaient des personnages très important, ils renseignaient les visiteurs, c’étaient des figures, notamment Mr. Tournadre, qui était jovial, Mr. Chataignier, qui était grand et sec, et qui jouait le rôle du Père Noël, et je me rappelle plus le nom des autres… et dans la loge, il y avait une pointeuse et en face un grand tableau. Et lorsqu’on arrivait on prenait un petit carton et sur ce carton, il était marqué « vous êtes affecté à tel service de telle heure à telle heure »…On pouvait faire 3 services dans la même journée…on ne savait pas d’avance nos weekends, nos horaires…

  • 15

    Le gardien, il était célèbre…

    Le gardien, il était célèbre…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Le gardien, il était célèbre. Parce que les hôpitaux à l’époque, ils avaient des vignes, on faisait le vin qui était entreposé à la cave. Tout le monde le connaissait, mais on se connaissait tous à l’époque. Il était strict mais il nous connaissait tous. Strict au point de vue travail, au point de vue tenue et tout mais si il y avait un petit écart ou quelque chose, il savait faire la part des choses. Alors que maintenant…

  • 16

    Le meilleur souvenir… Non… Le plus mauvais, oui.

    Le meilleur souvenir… Non… Le plus mauvais, oui.

    Elisabeth, 71 ans, ancienne sage-femme

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    Le meilleur souvenir… Non… Le plus mauvais, oui. C’est quand j’ai perdu une femme, cela m’est arrivée qu’une fois, malheureusement on en perdait… Je l’avais accouchée plusieurs fois, c’était une grande multipare, et puis elle a saigné, tout le monde a été prévenu, tout le monde était là. On a essayé de la sauver mais on a rien pu… Et alors on avait oublié le berceau avec le bébé dedans, à l’époque, lorsque le bébé allait bien on le mettait dans le berceau… maintenant on les met systématiquement en couveuse, mais pas à cette époque… et là le bébé, on l’avait complètement oublié et quand on a sorti sa mère avec le chariot, pour l’emmener à la morgue, cet enfant s’est mis à pleurer.. Et ça vous voyez, je l’ai toujours dans la tête…

  • 17

    Les patients du service des consultations maxillo-faciales…

    Les patients du service des consultations maxillo-faciales…

    Yolande, 52 ans, ancienne secrétaire de l’Hôtel‑Dieu, habitante de Lempdes

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    Les patients du service des consultations maxillo-faciales, c’est un service très difficile. C’est assez lourd. Si vous n’êtes pas préparée, ça fait un choc. Les infirmières vous préparaient en vous disant comment seront les patients qui vont arriver.

  • 18

    Ma fille Sylvie, âgée de 6 jours en 1971 avait dû être hospitalisée, Pavillon Hacquard…

    Ma fille Sylvie, âgée de 6 jours en 1971 avait dû être…

    Monique, témoignage écrit sur carte postale

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    Ma fille Sylvie, âgée de 6 jours en 1971 avait dû être hospitalisée, Pavillon Hacquard de l’Hôtel‑Dieu, pour une coqueluche asphyxiante, elle était si petite et si faible pour subir les assauts de quintes de toux, et de fièvre sans dommage. Elle est restée un mois en soins intensifs dans un petit box. Son petit cœur s’est arrêté plusieurs fois lors des quintes. Moi, jeune maman désespérée. Là, des infirmières, si douces, si gentilles, ont soigné, ont surveillé mon enfant avec un dévouement exemplaire. Mon père connaissait le professeur Menut qui a pris soin de mon enfant avec tout son savoir. On ne m’a jamais cachée l’état critique de Sylvie, mais leurs mots, leur soutien avec des mots simples… Je pouvais les aborder à n’importe quel moment, lorsque je me posais trop de questions ou que je n’allais pas bien. L’aumônier de l’hôpital, lui aussi a pu nous recevoir pour au cas où. Puis Sylvie, avec son envie de vivre et l’amour de tous, a pu vire et quitter l’Hôtel‑Dieu le 26 novembre 1971, guérie. Aujourd’hui elle est mère et même grand-mère. Je n’ai jamais oublié ces moments et les longs couloirs, où j’allais marcher pendant les soins de ma fille. Cela me réconfortait. J’aimais ces lieux si austères, froids et pourtant beaux.

  • 19

    Ma première petite nièce est née là-bas…

    Ma première petite nièce est née là-bas…

    Colette, 54 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Ma première petite nièce est née là-bas alors que la maman y allait en visite pour autre chose. Elle accompagnait quelqu’un qui se faisait opérer et puis ben ma fois : contractions ! Et le bébé arrivé ! Elle a même pas eu le temps d’aller à la maternité, elle a accouché sur place.

  • 20

    Mais là c’était très vieux aussi et il y avait les cafards…

    Mais là c’était très vieux aussi et il y avait les cafards…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Mais là c’était très vieux aussi et il y avait les cafards. Dans tout ce corps de bâtiment, il y avait des cafards partout. On les chassait la nuit. J’avais une aide soignante qui était spécialiste des cafards. Elle éteignait tout, et puis elle préparait sa pelle, son balai et elle venait avec une bombe de Flitox et elle allumait la lumière et pchhhit. Elle les ramassait à la pelle. On en ramenait dans les sacs parce qu’ils tombaient. C’était des cafards noirs. Mais là-bas dans les autres services c’étaient des cafards jaunes. Il y en avait partout dans les services de pédiatrie, avec le lait. Et les malades avaient toujours quelque chose sur leur table de nuit, il y avait des cafards partout. Il a fallut beaucoup plus tard, tout dératiser pour qu’on s’en débarrasse [dans les années 60]. J’ai bu un café avec un cafard, moi. J’ai pas osé… C’était en URL, un service qui était sale, pourri. Mais la brave dame, elle était gentille. Comme on courrait partout, elle nous faisait le café. J’ai jamais autant bu de café de ma vie. J’en bois plus, d’ailleurs. Et un cafard était tombé dans… elle avait fait ça à la turc, il n’ya avait pas de cafetière électrique. Donc je me suis dit « il est stérilisé, il a bouilli le cafard ! » J’ai bu le café. Je lui ai dit mais… C’était des braves aides-soignantes qui finissaient leur carrière de nuit, elle allait pas se formaliser pour un cafard […] Les murs sont très épais, et pour se débarrasser des cafards… et les rats parce que dans la cour au tout début il y avait le linge, il y avait des trucs qui était au milieu de la cour là-bas. Et puis il y avait la morgue.

  • 21

    Moi c’était hors de question que j’accouche à Hôtel‑Dieu…

    Moi c’était hors de question que j’accouche à Hôtel‑Dieu…

    Zineb, 48 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Moi c’était hors de question que j’accouche à Hôtel‑Dieu. Je suis allée visiter des copines, j’ai dit « moi jamais ». A deux-trois dans une chambre, les douches à l’extérieur… Ah non ! j’ai accouché à Marivaux en 2000. C’était propre, les chambres étaient spacieuses. Mais Hôtel‑Dieu, tu te débrouilles. Si tu veux te laver ou quoi. Ah non. C’était vieux. C’était triste. C’était pas de belles couleurs, c’était fade. Pas de couleur. Et c’est dommage parce que c’était un bel établissement, quand même. C’était les chambres qui étaient abimées, délaissées. Dans mes souvenirs. Les copines étaient fatiguées, elles se reposaient pas avec le monde dans la chambre. J’ai dit à mon mari « je ne peux pas ».

  • 22

    Mon fils a eu un panaris. Il été opéré à l’Hôtel‑Dieu…

    Mon fils a eu un panaris. Il été opéré à l’Hôtel‑Dieu…

    Odile, 65 ans, habitante de Chamalières

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    Mon fils a eu un panaris. Il été opéré à l’Hôtel‑Dieu, il avait 16 mois, en 2005. Il a passé une nuit avec moi sur place. Les souvenirs, c’est la séparation, quand il l’amenait en salle, il pleurait très fort. Il hurlait en tendant les bras. Et je continuais de l’entendre hurler et puis après je ne l’ai plus entendu. Après on y est retourné pour les pansements.

  • 23

    On allait chercher nos payes à ce qu’on appelait « la trésorerie »…

    On allait chercher nos payes à ce qu’on appelait « la trésorerie…

    Marie-Gil, cadre infirmière

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    On allait chercher nos payes à ce qu’on appelait « la trésorerie ». C’était un tout petit guichet qui avait été rajouté dans un couloir et là il y avait un monsieur qui venait du trésor public et qui nous donnait un grand bout de papier long comme ça […] très long ! Et on nous donnait notre paye qu’on mettait dans notre poche. On avait une blouse et par dessus un tablier avec une grande poche. Dans les vestiaires, c’était pas sûr, alors il avait été conseillé de mettre sa paye dans sa poche. Voilà. Après il a fallu prendre une banque et amener tous les papiers de la banque à l’administration pour qu’on ait des virements […] Mais c’était aussi le problème homme/femme parce que c’étaient les hommes qui avaient tout l’argent avant, donc ça commençait à poser des problèmes, donc il fallait que les femmes deviennent plus indépendantes et aient leur propre argent […] La loi pour autoriser le carnet de chèque date de 73 ou 74 pour les femmes sans l’accord du mari. En 1960, il fallait l’autorisation du père pour travailler !

  • 24

    Pas très bon souvenir…

    Pas très bon souvenir…

    Marie-Laure, 45 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

    1:03
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    Pas très bon souvenir. J’ai accouché en 95. J’ai trouvé que le personnel était assez froid. J’ai accouché à 7 mois et demi. J’ai eu des contractions toute la nuit et j’ai appelé et personne est venu. Et le matin je me suis faite engueuler comme quoi j’aurais dû appeler. J’ai dit « j’ai appelé mais personne est venu ». Elle me croyait pas. Elle m’a dit « c’est trop tard pour la péridurale parce que le travail a commencé ». En plus j’étais toute seule, j’avais personne qui venait. Donc mauvaise expérience, quoi. Mon ami n’avait pas de voiture, on habitait à Riom. J’ai accouchée à Clermont parce que c’était un prématuré. En plus à l’Hôtel‑Dieu, les chambres, c’était vieux et tout. C’était pas agréable, quoi. Pour les autres enfants, j’en ai eu deux autres, ça s’est mieux passé. Ils étaient accueillants.

  • 25

    Pour moi l’Hôtel‑Dieu, c’est la maternité…

    Pour moi l’Hôtel‑Dieu, c’est la maternité…

    Karima, 51 ans habitante de Clermont‑Ferrand

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    Pour moi l’Hôtel‑Dieu, c’est la maternité […] Moi je n’avais pas confiance, pour aller prendre ma douche, j’amenais mon bébé à la nurserie. On sait jamais. Parce que dans le temps, il y a eu des vols et tout. On le disait. Ma belle-mère avait accouché là-bas aussi, 7 gamins quand même ! Elle m’avait dit de faire attention. Même la personne à côté de toi on ne sait jamais. Elle peut appeler une copine à elle qui va venir et le prendre. On entendait ça aux informations, franchement on avait peur mais sinon les infirmières étaient très bien, on était très bien accueillies. […] Moi ils m’ont dit d’aller faire un tour avant mon accouchement, je suis allée au jardin Lecoq. Et je suis restée 13 jours. J’ai une copine qui a eu une césarienne la semaine dernière à Estaing, elle est restée 4 jours !! C’est pas normal. Mais l’Hôtel‑Dieu, non. On prenait soin de nous. J’ai quand même eu 13 points. Mais j’ai pas gardé de mauvais souvenirs.

  • 26

    Quand je rentrais dans le service où travaillait ma sœur…

    Quand je rentrais dans le service où travaillait ma sœur…

    Thierry, 59 ans, habitant de Clermont‑Ferrand

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    Quand je rentrais dans le service où travaillait ma sœur, il y avait toujours quelqu’un, une infirmière pour dire à ma sœur « il y a Thierry qui t’attend ! » Je pense que maintenant, ce serait difficile de le faire.

  • 27

    Un jour nous avions soigné un gendarme…

    Un jour nous avions soigné un gendarme…

    Josette, ancienne infirmière

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    Un jour nous avions soigné un gendarme qui avait été victime d’une balle qu’on lui avait tiré dans la tête au cours d’un cambriolage. Un gangster lui avait tiré dessus. Et ce monsieur qui était divorcé et remarié, quand il s’est réveillé du coma et bien il ne se rappelait absolument plus de sa deuxième femme, il ne se rappelait plus que de sa première… et bien si vous aviez vu la tête de sa femme…

  • 28

    Un truc qui était super sympa, c’est qu’on avait une dame qui attendait des triplés…

    Un truc qui était super sympa, c’est qu’on avait une dame qui…

    Martine, 66 ans, ancienne sage-femme

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    Un truc qui était super sympa, c’est qu’on avait une dame qui attendait des triplés. Et c’était très rare donc on l’avait hospitalisée pendant longtemps, elle était dans sa chambre, on l’avait gardée alitée et elle avait déjà deux filles. Comme on l’avait suivie pendant la grossesse, elle connaissait tout le monde, comme elle est restée deux mois chez nous. Et tout le monde attendait la naissance de ses triplés avec impatience. Et c’est une dame qui était très grande, et son ventre était plein de partout. Et c’était au tout début où il y avait l’échographie. Au début c’était un appareil énorme, on l’appelait le dinosaure […] On prenait ça sur le ventre de la dame donc on apercevait des choses mais on n’avait pas le détail. Et ses bébés étaient en échelle, en travers, l’un au-dessus de l’autre. Sa césarienne était programmée, alors le matin tout le monde attendait. On voulait savoir : est-ce qu’ils sont nés ? Combien ils pesaient ? Parce qu’il n’y avait pas d’estimation de poids comme il y a maintenant. C’était des crevettes, ils devaient faire 1k4-1k5 mais c’était déjà des beaux bébés comme ils étaient nés avant. Et le mari… parce que à la mater on faisait entrer le mari, on disait une personne mais des fois il y en avait plus qui rentraient et il fallait faire la guerre à chaque fois mais maintenant c’est bien réglementé. Et on avait mis le monsieur, exceptionnellement vers notre bureau, donc il y avait le téléphone. Et ils sortent le premier enfant : fille. Ils sortent le deuxième enfant : fille. Ils sortent le troisième enfant : fille. Le monsieur était dépité. Il était avec ses parents au téléphone : une cinquième fille ! Encore une fille, c’est pas vrai ! Et d’un seul coup le chirurgien s’en va pour mettre la main pour aller chercher le placenta, et bien il y en avait un autre derrière et c’était un garçon. C’est à dire qu’on ne l’a jamais vu ce petit garçon à l’échographie parce que il était sous les trois autres. Même si vous comptiez les pieds ou les mains, c’était pas aussi précis que maintenant.

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    Une fois, un patient m’a offert un petit cadre…

    Une fois, un patient m’a offert un petit cadre…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Une fois, un patient m’a offert un petit cadre avec une pensée de Diderot à l’intérieur. « Ne fit on que des épingles, il faut être enthousiaste dans son métier pour y exceller ». Vous voyez, j’ai pas de mémoire mais ça, je m’en rappelle encore et je l’ai gardé sur mon bureau. Et ce patient n’avait rien de particulier, il avait dû venir pour… je ne sais pas. Je lui avais rien fait de particulier.

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