Des symboles et de l’affect

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13 pistes

  • 1

    C’est un lieu auquel je suis attachée…

    C’est un lieu auquel je suis attachée…

    Cassandre, 40 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    C’est un lieu auquel je suis attachée parce que c’est là que je suis devenue maman. Donc c’est un lieu familier, où il s’est passé quelque chose d’important dans ma vie.

  • 2

    C’était en 2010. Mon petit fils est né là-bas…

    C’était en 2010. Mon petit fils est né là-bas…

    Jean-Louis, 68 ans habitant de Durtol

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    C’était en 2010. Mon petit fils est né là-bas. Quand on a pu le voir, il est passé dans une couveuse avec une pyramide sur l’estomac et il est resté huit mois avec différentes opérations pour pouvoir remettre ses intestins en place. Ça a été très dur, parce que bon… on le voyait derrière une vitre avec des tuyaux de partout et on se demandait si ça allait… et puis finalement, ils ont fait du super travail et il est en bonne santé. Maintenant il a 12 ans et il court partout. Et c’est un terrible. Voila. Donc c’est un souvenir bon et mauvais, quoi. On y allait pratiquement tous les jours. C’était… pff… Comment vous dire ? Les bâtiments de la maternité n’étaient pas tops, si on peut dire. Mais par contre en chirurgie, c’était vraiment bien. Même le personnel était extra. On y était pratiquement tous les jours et les infirmières nous ont soutenus. Surtout quand on allait le voir dans la pouponnière où il y en avait des dizaines qui étaient un peu comme lui, avec différentes… mais bon. C’est un souvenir, maintenant. Ils étaient toujours là pour remonter le moral, pour la maman, et le petit pareil, était bien soigné et plus ou moins cocooné comme tous, d’ailleurs, à la pouponnière. C’est difficile. C’est difficile d’y passer. […] Quand je me remémore, c’est une mauvaise période. Quand vous voyez un petit bout’ chou comme ça avec les fils. Voila. J’en ai vu verser des larmes, là-bas.

  • 3

    Chaque fois qu’on passe devant, on se dit « tiens, on a vécu quelque chose ici »…

    Chaque fois qu’on passe devant, on se dit « tiens, on a vécu…

    Yolande, 58 ans, habitante de Saint-Genès-Champanelle

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    Chaque fois qu’on passe devant, on se dit « tiens, on a vécu quelque chose ici ». Je suis née là-bas et les enfants sont nés là-bas.

  • 4

    Combien on a eu de pauvres femmes jeunes…

    Combien on a eu de pauvres femmes jeunes…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Combien on a eu de pauvres femmes jeunes, il n’y avait pas de contraception, il n’y avait rien, hein. Et les femmes n’avaient pas beaucoup d’autonomie. Alors soit elles s’avortaient et fallait voir après dans quel état elles étaient ou elles se suicidaient, elles essayaient de se suicider. Et bien sûr, on faisait un lavage d’estomac pour les punir. Exit les bonnes sœurs.

  • 5

    Il y en a une que j’ai pas aimé à l’accueil parce que toujours les mêmes clichés…

    Il y en a une que j’ai pas aimé à l’accueil parce que toujours…

    Camille, 34 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Il y en a une que j’ai pas aimé à l’accueil parce que toujours les mêmes clichés : 20 ans, t’arrives enceinte, t’es un petit peu inconsciente. Surtout quand tu reviens six mois après un premier accouchement et que tu retombes enceinte ! Pas aimable du tout. Surtout dans le regard. Quand je suis arrivée avec ma première dans les bras, enceinte de cinq mois et demi pour faire l’échographie, dès que j’arrive au secrétariat, elle me dit « il y a pas de père ? » « Si, il est juste au travail ! ». Donc déjà j’ai pas apprécié. Et ensuite la sage-femme m’a limite engueulée parce que ma petite bougeait pendant qu’elle me faisait l’échographie. Donc moi j’ai dit « ben j’y suis pour rien, vous n’avez qu’à mettre un parc de jeu dans la salle d’attente ». Très désagréable. Après c’est pas la majorité, c’est quelques unes. Après si t’es pas solide, tu peux vite t’effondrer mais après je passais au-dessus. Après par contre niveau soins, nickel. Un autre souvenir, pour ma deuxième, j’avais besoin de dormir, j’ai sonné. J’ai dit « est-ce que vous pouvez me la prendre 20 min ? » ils m’ont dit « non, la nurserie est pleine » j’ai dit ok pas de souci. J’ai monté les barreaux, j’ai mis un traversin et elle a dormi avec moi. Après au niveau soins, il n’y a pas eu de jugements. Et le suivi médical a été bien. J’aurais pas accouché ailleurs.

  • 6

    L’Hôtel‑Dieu, c’est ma vie.

    L’Hôtel‑Dieu, c’est ma vie.

    Martine, 66 ans, sage-femme

    2:06
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    L’Hôtel‑Dieu, c’est ma vie. Ça va me faire pleurer ! C’est ma vie. D’une part j’habite à côté et en plus j’y travaillais tout le temps. Je ne dis pas que c’était boulot-dodo mais c’est un peu comme tout le monde. Mon boulot était là, j’étais là, le centre-ville, l’Hôtel‑Dieu… pour moi ça fait partie de ma vie. Pour moi c’est synonyme de famille, de vie, de passer le flambeau aussi parce que les naissances c’est ça. Ça passe le flambeau. Surtout comme moi qui ai travaillé longtemps, j’ai accouché une dame que j’avais mise au monde. C’est la famille. Mais c’est aussi je pense le mélange de toutes générations et de toutes corporations. Nous à l’époque il y avait beaucoup d’étrangers, il y avait les Turcs, les Arabes, il y avait la barrière de la langue et ça accouchait beaucoup. C’était des familles de 7-8 enfants. Donc on les revoyait souvent. Et je ne parle pas des Gitans, les gens de la route et qui sont là avec leur façon de faire et tout et qu’on est obligés de s’adapter à leur façon de vivre […] Les Gitans c’est spécial, ils arrivent tous ensemble et il faut qu’on s’occupe d’eux tout de suite et puis ils ont l’impression qu’il faut qu’on fasse bien, qu’il faut être disponibles pour eux, ils vous posent 36 fois la même question et puis ils vous prennent la main, ils vous disent je vais te lire la ligne de la main… je vais te dire si tu es heureuse ou pas…. Donc on passe par tout ça, on découvre tout ça. […] Moi c’est l’image de ces petits et de ces femmes et de leur plaisir, de leur… comment dire ? De leur émerveillement à chaque fois que vous récupériez ces petits et que vous leur donniez. C’était prodigieux. Et puis il y a eu également de la détresse aussi. Pas souvent. Mais il y a eu aussi de la détresse. Donc on était confrontés à ça continuellement. Il y a aussi des malheurs mais ça fait partie comme je vous dis de la famille, de la vie et tout.

  • 7

    Le service où j’étais enfant…

    Le service où j’étais enfant…

    Thierry, 59 ans, habitant de Clermont‑Ferrand

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    Le service où j’étais enfant, j’avais trois ans – trois ans et demi. Et de façon très étrange, j’ai des souvenirs du lit qui était à barreaux jaunes et de la porte qui était jaune avec du verre dépoli au-dessus. Des plaques en métal et la peinture était écaillée. Et quand j’en parle chez moi, ils me disent « on ne te l’a jamais raconté mais c’était bien ça ». Je me revois debout dans un lit en pleurant parce que mes parents avaient un droit de visite restreint et je revois cette porte. Donc on ne peut qu’être attaché à l’Hôtel‑Dieu quand on a de tels souvenirs. Vous voyez, là j’ai une veine très apparentes parce que c’est là qu’on me mettait les perfusons intracrâniennes. Et elles ont changé ma veine. […]Et les sons, c’était très bruyant parce que j’entendais les infirmières. J’entendais parler mes parents derrières les portes et les infirmières. Mes parents n’avaient pas le droit de venir me voir mais moi je les entendais qui parlaient dans le couloir. Je savais qu’ils étaient là et qu’ils ne venaient pas. C’est dur pour un enfant. Actuellement ça ne se ferait plus. L’hôpital : non seulement l’enfant était malade, mais en plus il était puni !

  • 8

    Les bonnes sœurs logeaient de ce côté du bâtiment…

    Les bonnes sœurs logeaient de ce côté du bâtiment…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Les bonnes sœurs logeaient de ce côté du bâtiment. Les trois quarts étaient surveillantes. C’est elles qui dirigeaient le service. Elles sont parties dans les années 60. Quatre-cinq ans après mon arrivée. Mais bon c’était bien. Il était temps qu’elles s’en aillent parce que c’étaient tout des sœurs âgées. Duprat, les militaires, l’ORL, les services de pédiatrie, c’étaient des bonnes sœurs. La directrice de l’école et son aide, c’étaient deux sœurs. […]Tous les dimanches soirs, elle nous demandait « alors p’tites, vous avez été à la messe ? » alors les filles « oui, oui » « où vous êtes allées ? Donnez-moi l’Évangile ». On finissait à 5h du matin, on était vannées. On n’allait pas se lever pour aller à la messe ! Et puis on était jeunes. Et si on venait avec du rouge à lèvre, elle nous le faisait enlever, hein […]. Mais bon, on ne pouvait rien faire sans passer par elles. On pouvait pas appeler un médecin. Un malade n’allait pas bien, il fallait appeler la sœur, et si elle décrétait que le malade allait bien, on biaisait, on allait par derrière. On disait tant pis si on se fait disputer. Parce que bon c’était une époque où elles avaient été formées un peu par la Croix Rouge. Au début, avant 1900, le personnel c’était un peu n’importe qui, il n’y avait pas d’école […] Les hôpitaux au départ, c’étaient des maisons d’accueil… la religion était toute puissante.

  • 9

    Les enfants (nés en 2003) savent qu’ils sont nés à l’Hôtel‑Dieu…

    Les enfants (nés en 2003) savent qu’ils sont nés à…

    Claude et Martine, habitants de Clermont‑Ferrand

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    Les enfants (nés en 2003) savent qu’ils sont nés à l’Hôtel‑Dieu, on leur montre comme la première maison, la première école… parce que c’est des événements marquants pour nous et pour eux aussi du coup et puis c’est leur histoire !

  • 10

    Les femmes pouvaient faire baptiser leur enfant…

    Les femmes pouvaient faire baptiser leur enfant…

    Elisabeth, 71 ans, ancienne sage-femme

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    Les femmes pouvaient faire baptiser leur enfant, puisqu’il y avait la chapelle, mais qui a été détruite, et on partait à la chapelle avec deux enfants dans les bras et des fois on était quatre élèves sages femmes, on enterrait huit bébés et on leur mettait des bonnets et une robe de baptême et il y avait le baptême, et on les ramenait…. et il y avait aussi la morgue dans cette partie pour amener les morts nés dans la partie détruite… finalement ma partie à moi n’existe plus… L’aumônerie était tout de suite sur la droite… oui j’ai des souvenirs, à l’époque lorsqu’une femme le souhaitait on allait chercher l’aumônier…..mais nous on avait le droit d’ondoyer un enfant qui n’allait pas bien… les sages femmes avait ce droit, on disait: « enfant si tu vis je te baptise, au nom du Père et du Saint »… On lui faisait l’onction, et si l’enfant n’allait pas bien et que les parents insistaient et bien avec une sonde « jéjunale » parce qu’il fallait lui mettre de l’eau quand même, alors on le faisait comme ça… En 57, c’était une pratique courante, à cette époque il y avait pas mal d’enfants morts nés, c’était courant, on les ondoyait… On n’avait pas le droit de baptême, mais ce qui ne l’empêchait pas après de l’emmener pour être baptisé, si il s’en sortait…

  • 11

    Ma Maman, amie d’enfance de la directrice de puériculture de l’époque, une religieuse…

    Ma Maman, amie d’enfance de la directrice de puériculture de…

    Hélène, 56 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Ma Maman, amie d’enfance de la directrice de puériculture de l’époque, une religieuse, « Sœur Huguette » dans ma mémoire, me conduisait quelquefois en visite dans ce service. Je me souviens d’un petit couloir qui nous menait vers son bureau et d’un amphithéâtre, construit en bois, où des étudiantes, vêtues de blouses blanches écoutaient leurs cours. Lorsque nous repartions « Sœur Huguette » me donnait des échantillons de produits alimentaires pour ma poupée. Je repartais ravie et me souviens être la petite fille que tout le monde approchait…. avec tendresse…. un souvenir encore bien présent dans ma mémoire, une belle époque.

  • 12

    Moi qui suis croyante, mon fils on m’avait dit qu’il pouvait être trisomique 21…

    Moi qui suis croyante, mon fils on m’avait dit qu’il pouvait être…

    Christine, 53 ans, habitante de Perrier

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    Moi qui suis croyante, mon fils on m’avait dit qu’il pouvait être trisomique 21, c’était pour moi comme un lieu dans lequel on allait sauver cet enfant, mon enfant. Il était lié à Dieu. J’aurais pas pu l’avoir ailleurs parce que il y avait la présence bienveillante de Dieu.

  • 13

    Mon fils a été hospitalisé en 89. Il avait 8 ans…

    Mon fils a été hospitalisé en 89. Il avait 8 ans…

    Patricia, 64 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Mon fils a été hospitalisé en 89. Il avait 8 ans. On était sur Cébazat, il a été renversé sur le passage piéton alors qu’on traversait tous ensemble, la voiture ne l’a pas vu. Alors on l’a amené à L’Hôtel‑Dieu parce qu’il a fait un traumatisme crânien. C’est le seul souvenir que j’ai. Je me vois arriver avec les pompiers, beaucoup de monde. Et pendant trois jours, j’ai vécu dans une chambre. C’est tout ce que je peux vous dire. Cette chambre. Le personnel était très sympathique mais le lieu, non. Mais c’est lié à l’angoisse que j’avais. J’ai trouvé ça sombre. Mais quand je suis arrivée en Auvergne j’ai trouvé ça sombre. Cette pierre. On vient des Hautes Alpes. Mais j’adore l’Auvergne !

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