2. Des symboles et de l’affect

Les religieuses et la morale

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6 pistes

« L’Hôtel‑Dieu, c’est la maison de Dieu », comme le rappellent si bien les habitants. L’architecture témoigne de cette dimension religieuse en certains endroits, comme la chapelle. Beaucoup se souviennent des sœurs en cornette qui faisaient partie du personnel soignant jusqu’aux années 60, mais aussi des jugements moraux auxquels il fallait parfois faire face, notamment à la maternité.

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    Combien on a eu de pauvres femmes jeunes…

    Combien on a eu de pauvres femmes jeunes…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Combien on a eu de pauvres femmes jeunes, il n’y avait pas de contraception, il n’y avait rien, hein. Et les femmes n’avaient pas beaucoup d’autonomie. Alors soit elles s’avortaient et fallait voir après dans quel état elles étaient ou elles se suicidaient, elles essayaient de se suicider. Et bien sûr, on faisait un lavage d’estomac pour les punir. Exit les bonnes sœurs.

  • 2

    Il y en a une que j’ai pas aimé à l’accueil parce que toujours les mêmes clichés…

    Il y en a une que j’ai pas aimé à l’accueil parce que toujours…

    Camille, 34 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Il y en a une que j’ai pas aimé à l’accueil parce que toujours les mêmes clichés : 20 ans, t’arrives enceinte, t’es un petit peu inconsciente. Surtout quand tu reviens six mois après un premier accouchement et que tu retombes enceinte ! Pas aimable du tout. Surtout dans le regard. Quand je suis arrivée avec ma première dans les bras, enceinte de cinq mois et demi pour faire l’échographie, dès que j’arrive au secrétariat, elle me dit « il y a pas de père ? » « Si, il est juste au travail ! ». Donc déjà j’ai pas apprécié. Et ensuite la sage-femme m’a limite engueulée parce que ma petite bougeait pendant qu’elle me faisait l’échographie. Donc moi j’ai dit « ben j’y suis pour rien, vous n’avez qu’à mettre un parc de jeu dans la salle d’attente ». Très désagréable. Après c’est pas la majorité, c’est quelques unes. Après si t’es pas solide, tu peux vite t’effondrer mais après je passais au-dessus. Après par contre niveau soins, nickel. Un autre souvenir, pour ma deuxième, j’avais besoin de dormir, j’ai sonné. J’ai dit « est-ce que vous pouvez me la prendre 20 min ? » ils m’ont dit « non, la nurserie est pleine » j’ai dit ok pas de souci. J’ai monté les barreaux, j’ai mis un traversin et elle a dormi avec moi. Après au niveau soins, il n’y a pas eu de jugements. Et le suivi médical a été bien. J’aurais pas accouché ailleurs.

  • 3

    Les bonnes sœurs logeaient de ce côté du bâtiment…

    Les bonnes sœurs logeaient de ce côté du bâtiment…

    Carmen, 79 ans, ancienne infirmière

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    Les bonnes sœurs logeaient de ce côté du bâtiment. Les trois quarts étaient surveillantes. C’est elles qui dirigeaient le service. Elles sont parties dans les années 60. Quatre-cinq ans après mon arrivée. Mais bon c’était bien. Il était temps qu’elles s’en aillent parce que c’étaient tout des sœurs âgées. Duprat, les militaires, l’ORL, les services de pédiatrie, c’étaient des bonnes sœurs. La directrice de l’école et son aide, c’étaient deux sœurs. […]Tous les dimanches soirs, elle nous demandait « alors p’tites, vous avez été à la messe ? » alors les filles « oui, oui » « où vous êtes allées ? Donnez-moi l’Évangile ». On finissait à 5h du matin, on était vannées. On n’allait pas se lever pour aller à la messe ! Et puis on était jeunes. Et si on venait avec du rouge à lèvre, elle nous le faisait enlever, hein […]. Mais bon, on ne pouvait rien faire sans passer par elles. On pouvait pas appeler un médecin. Un malade n’allait pas bien, il fallait appeler la sœur, et si elle décrétait que le malade allait bien, on biaisait, on allait par derrière. On disait tant pis si on se fait disputer. Parce que bon c’était une époque où elles avaient été formées un peu par la Croix Rouge. Au début, avant 1900, le personnel c’était un peu n’importe qui, il n’y avait pas d’école […] Les hôpitaux au départ, c’étaient des maisons d’accueil… la religion était toute puissante.

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    Les femmes pouvaient faire baptiser leur enfant…

    Les femmes pouvaient faire baptiser leur enfant…

    Elisabeth, 71 ans, ancienne sage-femme

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    Les femmes pouvaient faire baptiser leur enfant, puisqu’il y avait la chapelle, mais qui a été détruite, et on partait à la chapelle avec deux enfants dans les bras et des fois on était quatre élèves sages femmes, on enterrait huit bébés et on leur mettait des bonnets et une robe de baptême et il y avait le baptême, et on les ramenait…. et il y avait aussi la morgue dans cette partie pour amener les morts nés dans la partie détruite… finalement ma partie à moi n’existe plus… L’aumônerie était tout de suite sur la droite… oui j’ai des souvenirs, à l’époque lorsqu’une femme le souhaitait on allait chercher l’aumônier…..mais nous on avait le droit d’ondoyer un enfant qui n’allait pas bien… les sages femmes avait ce droit, on disait: « enfant si tu vis je te baptise, au nom du Père et du Saint »… On lui faisait l’onction, et si l’enfant n’allait pas bien et que les parents insistaient et bien avec une sonde « jéjunale » parce qu’il fallait lui mettre de l’eau quand même, alors on le faisait comme ça… En 57, c’était une pratique courante, à cette époque il y avait pas mal d’enfants morts nés, c’était courant, on les ondoyait… On n’avait pas le droit de baptême, mais ce qui ne l’empêchait pas après de l’emmener pour être baptisé, si il s’en sortait…

  • 5

    Ma Maman, amie d’enfance de la directrice de puériculture de l’époque, une religieuse…

    Ma Maman, amie d’enfance de la directrice de puériculture de…

    Hélène, 56 ans, habitante de Clermont‑Ferrand

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    Ma Maman, amie d’enfance de la directrice de puériculture de l’époque, une religieuse, « Sœur Huguette » dans ma mémoire, me conduisait quelquefois en visite dans ce service. Je me souviens d’un petit couloir qui nous menait vers son bureau et d’un amphithéâtre, construit en bois, où des étudiantes, vêtues de blouses blanches écoutaient leurs cours. Lorsque nous repartions « Sœur Huguette » me donnait des échantillons de produits alimentaires pour ma poupée. Je repartais ravie et me souviens être la petite fille que tout le monde approchait…. avec tendresse…. un souvenir encore bien présent dans ma mémoire, une belle époque.

  • 6

    Moi qui suis croyante, mon fils on m’avait dit qu’il pouvait être trisomique 21…

    Moi qui suis croyante, mon fils on m’avait dit qu’il pouvait être…

    Christine, 53 ans, habitante de Perrier

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    Moi qui suis croyante, mon fils on m’avait dit qu’il pouvait être trisomique 21, c’était pour moi comme un lieu dans lequel on allait sauver cet enfant, mon enfant. Il était lié à Dieu. J’aurais pas pu l’avoir ailleurs parce que il y avait la présence bienveillante de Dieu.

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